![]() Radio de CALINE |
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![]() CALINE avec son attelle |
![]() Lieu de son immobilisation |
![]() Jour du retrait définitif - 6 mois |
![]() Radio jour du retrait |
![]() CALINE 7 mois après ! |
![]() CALINE 7 mois après ! |
CALINE
En mai 2017 CALINE une ponette de 4 ans a été retrouvée en suppression d'appui du membre postérieur gauche à la suite d'un traumatisme de conflit hiérarchique : la ponette a été introduite dans le troupeau et chassée par un congénère qui l'a tapé et lui est tombé dessus.
Une fracture déplacée des os métatarsiens IV et III (os du canon et os rudimentaire) avec luxation tarso-métatarsienne (luxation entre le jarret et l’os du canon) a été mise en évidence.
Le pronostic vital était fortement engagé ! CALINE n’a pas pu aller en chirurgie, nous avons donc posé une attelle qu’elle aura portée 3 mois avec des contrôles très réguliers ! A 4 mois et demi de l’accident nous avons enlevé l’attelle et laissé un pansement dit « pansement Robert Jones » (très gros pansement). Ce dernier aura été gardé 3 mois et changé régulièrement afin de s’assurer de l’absence d’escarre notamment. CALINE est restée ensuite au box, puis dans un petit paddock.
Grâce à l’attention et la patience de ses propriétaires, aux nombreux suivis et surtout au caractère de CALINE, elle est désormais retournée avec ses congénères !
Elle fait même sa kiné tous les jours en fléchissant son jarret pour passer sous les clôtures !
Le pronostic vital de CALINE n’est plus engagé à ce jour. Elle va donc pouvoir partir chez des nouveaux propriétaires pour tenir compagnie à leur poney. CALINE ne pourra probablement jamais faire de sport, mais les soins apportés lui permettront de conserver une vie sans douleur au pré !
![]() Plaie le jour de la ponction |
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![]() Echographie le jour de la ponction |
![]() Echographie le jour de la ponction |
![]() Ponction de la gaine |
![]() LITTLE 2 mois et demi après la plaie |
![]() LITTLE 2 mois et demi après la plaie |
LITTLE
En septembre 2017, LITLLE (hongre Selle Français de 18 ans) est retrouvé avec une plaie sectionnant la peau au tiers distal du canon en regard des tendons fléchisseurs. La plaie a été recousue et un bandage a été mis en place. Son confort a été excellent les 5 premiers jours.
6 jours après, il a présenté une suppression d’appui et du fait que la plaie s’est mise à présenter des sécrétions, les points n’ont pas tenus. LITTLE a alors été mis sous antibiotiques pendant 15 jours, chaque contrôle ne montrant pas d’évolution satisfaisante.
Plus de 4 semaines après l’incident, un prélèvement et une analyse du liquide synoviale de la gaine digitale (gaine entourant les tendons fléchisseurs) ont été réalisés afin de savoir si LITTLE présentait une ténosynovite septique dont le pronostic était sombre. Une échographie a également été réalisée et mettant en évidence du liquide inflammatoire et des lésions tendineuses.
L’analyse bactériologique du liquide prélevé est revenue stérile… Youpi !!
LITTLE n’a pas pu aller en chirurgie pour éradiquer l’inflammation et parer les lésions tendineuses (traitement de référence pour la récupération sportive). Nous avons donc immobilisé LITTLE avec un pansement compressif pendant plusieurs semaines qui a été changé régulièrement afin de s’assurer de la bonne évolution de la plaie.
A 3 mois et demi, sa plaie est quasiment cicatrisée entièrement, il pose bien son postérieur et présente une légère boiterie au trot. LITTLE est donc retourné au pré avec ses congénères.
LITTLE peut remercier sa propriétaire qui s’est accrochée moralement pour lui accorder une seconde chance malgré l’absence de réponse aux premiers traitements. L’analyse synoviale de la gaine aura été un élément clé pour la décision de poursuivre les traitements !
Aujourd’hui, L. va toujours aussi bien, je le vois souvent en passant en voiture dans son pré et une échographie de contrôle est prévue afin de savoir où la cicatrisation tendineuse est rendue…
DIEGO

Mi novembre 2017, DIEGO (hongre de plus de 20 ans) a été vu à nouveau par un ostéopathe car il présentait une gêne sur son postérieur droit. L’ostéopathe a conseillé de faire voir DIEGO par un vétérinaire. Peu de temps après il s’est mis à tourner en rond, sur place à droite. Aucune amélioration n’a été observée aux traitements mis en place. Le lendemain DIEGO est tombé dans le pré et a eu beaucoup de mal à se relever (sens de la pente). Depuis, DIEGO transpire souvent en région déclive et est régulièrement en suppression d’appui de son membre postérieur droit et se met à tourner en rond sans cesse.
Lors de la consultation une fracture en regard de l’articulation de la hanche est suspectée. L’échographie a confirmé une fragmentation de l’acétabulum (légende 9 sur l'image du bassin) et de la petite échancrure sciatique (légende 12 sur l'image dubassin).
Le but du traitement a été de confiner DIEGO et de le mettre sous calmant pour diminuer son anxiété probablement due à la douleur et à la gêne fonctionnelle, le temps que le traitement anti-inflammatoire et de réparation osseuse prennent effet.
Il a mis une petite semaine avant d’arrêter définitivement de tourner en rond : il y a eu des hauts et des bas… Grâce à la persévérance de sa propriétaire DIEGO va très bien aujourd’hui « il a retrouvé son caractère de cochon avec sa congénère » comme dirait sa propriétaire qui attend que la pluie cesse un peu pour qu’il retourne dehors !
QUINA
![]() Présentation de référence |
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![]() Présentation_ventrotransverse |
![]() Présentation_postérieure_jarret_fléchis |
![]() 1 - Chirurgie QUINA |
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![]() 2_-_Quina_au_réveil |
![]() 3_-_Quina_à_7_j_de_la_césarienne |
![]() 4_-_Quina_à_11_j_de_la_césarienne |
![]() 5_-_Quina_à_13_j_de_la_césarienne |
![]() 6_-_Quina_à_13_j_de_la_césarienne_2 |
![]() 7_-_Quina_à_16_j_de_la_césarienne |
![]() 8_-_Quina_à_18_j_de_la_césarienne |
![]() 9_-_Quina_à_18_j_de_la_césarienne_2 |
![]() 10_-_Quina_à_26_j_de_la_césarienne |
![]() 11_-_Quina_à_2_mois_de_la_césarienne |
![]() 12_-_Quina_à_82_j_de_la_césarienne |
Le 28/04/18 QUINA, une jument arabe de 14 ans, est vue en urgence pour une dystocie (poulinage ne se réalisant pas correctement).
Lors de l’examen d’admission QUINA est en état de choc et présente un décollement placentaire. Après avoir tranquillisé la jument, fait une anesthésie péridurale, des anti-inflammatoires et arrêter les contractions, l’examen gynécologique met en évidence une malposition du poulain, ce dernier étant déjà mort. Au vu de la présentation du poulain (mixte entre une présentation postérieure jarret fléchi et une position ventrotransverse, cf. illustrations) la seule possibilité de sortir le poulain pour maintenir en vie QUINA est une césarienne.
La césarienne sous anesthésie générale par laparotomie ventrale médiane en décubitus dorsale n’est pas choisie pour des raisons financières.
Grâce au Docteur Noël et son équipe, nous décidons d’envoyer QUINA à Nègrepelisse (Clinique Vétérinaire Midi Quercy) pour une césarienne sous anesthésie générale par voie d’abord latérale gauche. Les Drs Noël et Velay réalisent la césarienne pendant que le Dr Pichereau-De Zan est à l’anesthésie.
QUINA est restée quelques jours sous la surveillance de l’équipe puis une fois stable QUINA est retournée chez elle. La propriétaire étant au courant des nombreuses complications possibles (péritonite, endométrite, fourbure, déhiscence de plaie, hémorragie,…), nous suivons QUINA de très près dans les jours qui suivent.
A 4 jours de la césarienne QUINA a présenté un œdème important en regard de la plaie mais sans anomalie à son examen clinique (elle mange bien, n’a pas de fièvre,…). Grâce à l’échographie abdominale nous avons pu être rassurés : une petite collection liquidienne était présente à l’intérieur de l’œdème sans véritable collection de pus et QUINA ne présentait par ailleurs aucun signe évocateur de péritonite. La cytologie (analyse des cellules) de l’écoulement a révélé la présence d’un liquide très inflammatoire pluribactérien. Ce dernier critère étant plus rassurant que si une seule population bactérienne avait pris le dessus sur les autres.
A 7 jours de la césarienne QUINA a présenté des premiers signes de déhiscence de plaie (suture qui ne tient pas correctement) mais tous les paramètres vitaux de QUINA sont rassurants ! A 9 jours, la suture de la peau a lâché. Une suture a été refaite après nettoyage. Au 11e jour, les points ont de nouveaux cédé et une suture est de nouveau réalisée, en y ajoutant cette fois des points dits « de tensions » afin de répartir la tension de la plaie et d’espérer une meilleure tenue.
Au 13e jour, nous observons de nouveau une déhiscence de plaie. Il est donc décidé d’enlever tous les points cutanés et de laisser guérir par seconde intention : la plaie est nettoyée, curetée. Puis des pansements doivent être réalisés deux fois par jour dans un premier temps avec application de miel ou d’une pommade cicatrisante. Les retours sont excellents : QUINA est toujours en forme et la plaie cicatrise très bien !
Le 28/06/18, à deux mois de la césarienne, nous décidons d’arrêter les pansements et de laisser la plaie cicatriser « à l’air libre ».
Le 28/07/18, nous sommes à 3 mois de la césarienne et QUINA a quasiment fini de cicatriser !
Grâce à la motivation et la persévérance de la propriétaire, à la gentillesse de QUINA et également aux personnes ayant aidé la propriétaire de QUINA pour les pansements, la complication de la césarienne est rentrée dans l’ordre. Nous souhaitons maintenant une belle vie à QUINA.
Encore un immense merci au Dr Noël et à son équipe pour la prise en charge de QUINA, sans qui cette aventure et belle fin pour QUINA n’auraient pas été possibles.

CHANEL
CHANEL - intoxication aux glands de chêne
Fin novembre 2018 CHANEL, une ponette de 15 ans est retrouvée en diarrhée aigue depuis le matin.
CHANEL est en état de choc :
Elle est très abattue et présente plusieurs anomalies :
- une hyperthermie : augmentation de la température corporelle à 39,4°C
- une tachycardie : augmentation de la fréquence cardiaque à 102 battements par minute associée à des muqueuses congestives et sèches avec un liseré gingival et des pétéchies ; ainsi qu’un temps de remplissage capillaire augmenté à 3 secondes
- une tachypnée : augmentation de la fréquence respiratoire à 40 mouvements par minute ainsi qu’une discordance
- les bruits digestifs sont fortement augmentés et liquidiens à droite, et les bruits digestifs dans les cadrans gauches sont absents. Elle ne présente pas de distension de l’abdomen
- CHANEL est par ailleurs fortement déshydratée
De ce constat, CHANEL est tout de suite intubé : une sonde passe à travers son naseau et va jusque dans l’estomac afin de savoir ce qu’il en ressort. Aucun liquide ni particule n’est ressorti.
A l’analyse de la diarrhée des glands de chênes sont retrouvés.
Au vu de l’examen clinique et de l’analyse de la diarrhée une intoxication aux glands de chêne est fortement suspectée.
CHANEL est alors réhydratée à l’aide de perfusion et d’administration d’eau par sondage nasogastrique. Du charbon lui a été administré afin de capter les toxines encore présentes et de contrer la diarrhée. Parallèlement à ces soins intensifs CHANEL reçoit des anti-inflammatoire et des anti-spasmodiques ; tout en la laissant à la diète jusqu’à résolution !
CHANEL a eu beaucoup de chance : dès le lendemain elle allait beaucoup mieux, et ceci, jour après jour ! Elle a ensuite reçu des probiotiques afin de restaurer sa flore intestinale, indispensable à son bon fonctionnement intestinal !
Les propriétaires de CHANEL étaient très étonnés car « elle a toujours mangé des glands et il ne s’est jamais rien passé… »
Cette phrase nous l’entendons toujours. Alors pourquoi cette année ? et pourquoi les congénères n’ont pas eu de signes cliniques ?
« Les intoxications ont lieu majoritairement à l’automne, suite à la consommation massive, pendant plusieurs jours, de glands tombés au sol. La plupart des 75 espèces de chênes répertoriées sont concernées, bien que les teneurs en tanins varient entre espèces et avec l'âge des arbres (les plus jeunes seraient plus dangereux).
Le risque varie selon les années. Certaines années, dites « semencières » (tous les 3 à 5 ans) la production de glands est particulièrement abondante. Ainsi, dans un troupeau de 3 000 New-Forest en semi-liberté dans le Sud de l’Angleterre, la mortalité liée à l’intoxication par les glands passe d’environ 17/an à une cinquantaine en 2006, et plus de 70 en 2013 notamment.
De plus, principalement à la suite d’étés secs, un coup de vent précoce et violent à l’automne provoque la chute au sol de nombreux glands à peine mûrs (verts, plus riches en tanins). Chez certains animaux une forme de toxicomanie (consommation effrénée) est relevée. »
Nous sommes dans une région où la présence de chênes est remarquable. Il sera en effet très difficile de limiter l’accès aux chênes chez certains d’entre vous. La complémentation des animaux dans les pâtures (foin) pourrait avoir une incidence positive, notamment quand les ressources sont rares ou peu accessibles (recouvertes de neige) afin de limiter la consommation de bourgeons et petites branches d'arbres.

CHOCOLAT
CHOCOLAT – suspicion fécalome
CHOCOLAT un cheval miniature, entier, né en 2012 et vu en urgences en mars 2018 pour colique.
Nous avons suspecté un fécalome. CHOCOLAT a été géré médicalement au domicile de leurs propriétaires. Grâce à leur surveillance 24h sur 24, CHOCOLAT a bien répondu au traitement médical
Mais qu’est-ce le fécalome ??
Les fécalomes sont des matériaux fibreux secs qui entraînent une occlusion de l’intestin (principalement le colon transverse ou descendant).
Ils sont généralement composés d'aliments fibreux résistants qui ne contiennent pas suffisamment d'eau pour pouvoir passer dans l'intestin ou qui sont composés d'un contenu si dur qu'ils ne peuvent pas être décomposés mécaniquement au cours de la digestion.
Dans certains cas les chevaux ingèrent des corps étrangers (copeaux, ficelles, plastique ou encore sac d’alimentation !) à l’origine de cette impaction.
Quels sont les chevaux les plus touchés ?
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Les chevaux prédisposés sont plutôt les jeunes chevaux et les races miniatures. Chez certaines races miniatures des agglomérats de poils ont été retrouvés comme étant à l’origine du bouchon appelé alors trichobézoard (principalement au printemps lorsque la mue se fait : l’auto-toilettage ou le toilettage mutuel entre les chevaux miniatures peuvent entraîner l’ingestion de grande quantité de poils).
Les chevaux plus âgés avec une mauvaise dentition peuvent également être prédisposés aux fécalomes en raison de l'incapacité de mastiquer correctement.
Comment s’en rendre compte ?
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Les signes de suspicion d’un fécalome vont être ceux des coliques : douleur abdominal (se couche, se regarde les flancs, gratte le sol, tourne en rond…), distension abdominale, absence d’émission de crottin, ténesme,…
Que faire dans ce cas là ?
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Appelez immédiatement votre vétérinaire ! Lui seul pourra vous conseiller et agir.
Que pourra-t-il faire ?
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Malheureusement il est difficile de confirmer le diagnostic. En effet, selon la bibliographie dans 50% des cas, le vétérinaire ne peut pas sentir le bouchon à la palpation transrectale. Il s’agira plutôt de la réponse ou de l’absence de réponse au traitement que votre vétérinaire s’orientera vers une suspicion de fécalome. Dans certains cas et si votre vétérinaire est équipé une radiographie de l’abdomen (plus facilement réalisable chez les poulains ou races miniatures) peut aider au diagnostic.
En l’absence d’amélioration une chirurgie est fortement conseillée.
Que faire en prévention ?
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- accès à volonté à l’eau : vérifier principalement l’hiver que l’eau dans les bacs n’ait pas gelé
- bonne hygiène dentaire
- alimentation : fourrage de bonne qualité (éviter les rebuts de brebis ou autre)
- pansage régulier lors des mues importantes
- vérifier l’absence de ficelle de ballot lors de la distribution du foin
Références
Gay C.C., Speirs V.C., Christie B.A., et al. Foreign body obstruction of the small colon in six horses. Equine Vet J. 1979;11:60-63.
McClure J.T., Kobluk C., Voller K., et al. Fecalith impaction in four miniature foals. J Am Vet Med Assoc. 1992;200:205-207.
Reed SM, Bayly WM, Sellon DC. Equine internal medicine. 4th ed. Elsevier, St. Louis. 2017:1488p.
UBIBI et PAVLOV

UBIBI, hongre OC (Lipizzan*ONC) de 10 ans a été vu la première fois pour un épisode de myosite à l’effort dite « coup de sang » lors d’une balade. Le cheval était figé et se déplaçait très difficilement. Lors de la balade, pourtant peu intense, UBIBI s’est mis à stresser et peu de temps après a présenté des raideurs musculaires.
Une fois l’urgence (oui il s’agit bien d’une urgence car les lésions pour les reins notamment peuvent être irréversibles) maîtrisée, nous avons eu une réflexion avec la propriétaire de la cause de cette myopathie. Les myosites à l’effort sont majoritairement vues après une période de repos suivie d’un effort intense et prolongé +/- associé à une inadéquation de la ration par rapport au travail réalisé. Or UBIBI est dans un environnement très maitrisé : il n’est pas laissé longtemps au box, son alimentation est correctement géré et la reprise de l’activité s’est faite en douceur. Par contre UBIBI est un cheval plutôt anxieux. Nous avons donc suggéré à la propriétaire que UBIBI pouvait avoir une maladie génétique le prédisposant à ces myosites même s’il ne fait pas partie des races les plus connues pour être atteint (Quarter Horse et Cob principalement pour les PSSM – myopathie par défaut de stockage des polysaccharides – ou les TF et PS pour les RER – rhabdomyolyses récurrente à l’exercice).
Parlons maintenant de PAVLOV, cas plus subtile…
PAVLOV est un Poney Haflinger hongre de 15 ans au jour de la consultation. PAVLOV est suivi depuis plusieurs mois pour des suspicions de dorsalgies et des irrégularités à l’effort. PAVLOV a vu plusieurs vétérinaires et ostéopathes et sa locomotion a tendance à faire le « yoyo » : des jours il semble aller bien et d’autres il n’est pas en forme. Sa propriétaire ayant du mal à mettre un mot à son ressenti.
A la suite d’un examen orthopédique complet l’impression générale est en faveur d’une raideur sans anomalie des extensions dorsales / thoraco-lombaires et flexion thoracique. C’est à la suite d’un interrogatoire avec sa propriétaire associé à la race de PAVLOV que la puce est mise à l’oreille : et s’il souffrait d’une myopathie d’origine génétique ?
Les enzymes musculaires pré et post effort sont dosées et sont augmentées. Nous décidons donc de faire les tests génétiques pour la recherche d’une PSSM.
Dans ces deux cas une PSSM est recherchée. La PSSM est un désordre de stockage du glycogène (molécule permettant de donner de l’énergie aux muscles) : une accumulation de glycogène et de complexes polysaccharides anormaux se fait dans les fibres musculaires. Ce glycogène est non utilisable par le cheval qui possède des cellules ayant une mutation « GYS 1 ». Si le cheval possède cette mutation GYS 1 (test génétique sur sang ou crins) il est dit atteint de PSSM de type1.
Si par contre un cheval n’a pas cette mutation mais qu’il possède bien un stockage anormal de glycogène (observable à l’aide d’une biopsie de muscle) il est dit atteint de PSSM de type 2.
Pour détecter ces deux formes il est donc nécessaire de réaliser une détection de la mutation GYS 1 par prise de sang ou analyse des crins. Si les résultats reviennent négatif mais que la suspicion est forte il est nécessaire de faire une biopsie musculaire.
Les résultats pour UBIBI sont revenus + pour la PSSM 1, par contre pour PAVLOV ils sont revenus négatifs. Compte tenu de l’historique nous avons réalisé la biopsie de muscle – qui consiste à prélever un bout du muscle de la fesse – chez sa propriétaire directement. Après analyse histopathologique de ce prélèvement les résultats étaient en faveur d’une PSSM de type 2 !
![]() Prise de sang |
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![]() Cicatrice de la biopsie |
![]() Coloration HES d'une biopsie |
![]() Réaction PAS d'une biospie |
Ces résultats peuvent « effrayer » dans un premier temps mais nous avons été très contents d’avoir les diagnostiques pour ces deux chevaux.
En effet une fois que nous avons pu détecter d’où venaient les problèmes ces deux chevaux ont pu retrouver une activité normale grâce au traitement qui consiste à :
- avoir une alimentation spécifique : diminuer la part d’amidon, augmenter les matières grasses et le fourrage et apporter davantage de vitamines E principalement.
- avoir une gestion suivie de l’activité du cheval : pas de box > 12h, activité régulière, éviter toute source de stress. Une bonne gestion de l’activité peut même chez certains chevaux suffire sans alimentation spécifique.
Pour l’anecdote, en recherchant à postériori dans la littérature les races Lipizzan seraient également prédisposées aux PSSM !
McCue ME, Ribeiro WP, Valberg SJ (August 2006). "Prevalence of polysaccharide storage myopathy in horses with neuromuscular disorders". Equine Veterinary Journal. 38 (S36): 340–344. doi:10.1111/j.2042-3306.2006.tb05565.x. PMID 17402444.
LOO'PING
![]() Loo'ping malade |
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![]() Ne plus donner de foin |
![]() Laisser dehors jours et nuits |
![]() Haygain |
![]() Haygain |
![]() Nébulisations |
![]() Loo'ping aujourd'hui |
![]() Tout va super ! J'ai bien repris !! |
LOO’PING – Asthme sévère
Voici l’histoire (compliquée) de LOO’PING, un poney hongre de 19 ans vu en 2017 pour une suspicion de syndrome métabolique équin associé à une fourbure qui a été très longue et complexe à gérer (mais ce n’est pas l’histoire d’aujourd’hui) ! LOO’PING est également connu depuis des années pour des crises d’asthme gérées avec des corticoïdes, c’est la raison pour laquelle il est venu dans le Tarn.
En mai 2018 LOO’PING a eu une rechute d’asthme qui est restée sous jacente jusqu’en juillet malgré le retrait du foin et la mise sous corticoïdes.
En juillet il présentait une toux quinteuse et des difficultés respiratoires. L’auscultation pulmonaire présentait de nombreux sifflements inspiratoires et expiratoires dans les cadrans droits et gauche associées à de nombreux râles trachéaux. De juillet à octobre LOO’PING a présenté des hauts et des bas avec une dilatation des naseaux quasi permanente malgré la mise sous différents traitements et alimentation adaptée.
En octobre 2018, le poney a fait une détresse respiratoire lors du lavage broncho-alvéolaire (examen complémentaire visant à prélever des cellules en contact avec les poumons). Nous avons donc du arrêter l’examen complémentaire et emmener LOO’PING dans un centre de référé pour le mettre sous surveillance avec oxygénothérapie au besoin.
A son retour nous avons essayé de mettre en place des nébulisations qui devenaient la dernière option thérapeutique après tout ce qui a été fait. Ces nébulisations ont malheureusement été arrêtées car LOO’PING ne les supportaient plus.
Avec énormément de patience de la part des personnes s’en occupant et des propriétaires, ainsi qu’un suivi rigoureux, LOO’PING s’est enfin sorti de cette crise après plusieurs mois et de nombreux kilo perdus !
Ce cas nous montre l’intérêt énorme de l’investissement des personnes s’occupant des équidés atteint d’asthme équin (anciennement appelé « emphysème »). Sans l’investissement permanent de ses propriétaires mais surtout de la personne qui s’occupe quotidiennement du poney, LOO’PING ne serait pas dans cet état aujourd’hui.
La plupart du temps les propriétaires et surtout les personnes s’occupant des chevaux des autres ne comprennent pas l’intérêt de retirer le foin parce que le cheval « tousse juste ». Cette maladie peut devenir catastrophique et même si chez certains chevaux des traitements ont été « miraculeux » chaque cheval est différent et pour certains nous mettons énormément de temps avant de casser le cercle vicieux de l’inflammation pulmonaire et cela reste à vie un équilibre fragile susceptible de se rompre (car à long terme, le poumon va se fibroser et perdre son élasticité, passant d’une simple inflammation à des lésions irréversibles.)
Je n’ai pas parlé ici des traitements et signes cliniques de l’asthme équin, si cela vous intéresse, allez voir la page facebook « Vétérinaires équins du Jat » ou le compte facebook « Vet’équins du Jat ».
Encore un grand merci aux personnes qui nous ont fait confiance pour la gestion de LOO’PING.
HEAVEN
HEAVEN – plaie ars
Voilà l’histoire d’HEAVEN une pouliche qui a commencé sa vie en faisant bien parlé d’elle !
Le 2 juin, jour de la naissance d’HEAVEN, les propriétaires cherchent partout la mère qui s’était échappée de son pré. En dehors du pré, le placenta est retrouvé dans le barbelé et la jument dans un ravin en contrebas ! La jument était coincée par un arbre, dans la pente parmi les ronces et broussailles ! la propriétaire décide de descendre dans les ronces pour tenter de trouver HEAVEN et rassurer sa maman d’HEAVEN.
Devant l’incapacité d’HEAVEN et sa maman à se sortir de cette situation, les pompiers et le vétérinaire sont rapidement venus pour couper le grillage, sortir HEAVEN et sa maman et s’occuper des premiers soins. En effet HEAVEN, coincée, s’est beaucoup débattue, s’est affaiblie et n’a probablement pas pu téter rapidement. Elle présentait également une plaie en regard de la face dorsale de l’avant bras gauche à la jonction avec l’ars.
Nous avons alors perfusé la pouliche et réalisé une suture de la plaie après nettoyage et désinfection.
Cependant quelques jours plus tard, à force de se gratter l'antérieur, les points sont partis et la plaie s’est agrandie. Nous avons donc dans un premier temps fais des soins locaux qui n’ont malheureusement pas suffit. La plaie s’est encore agrandie et nous avons du faire un parage de la plaie et coupe a peau morte. Il nous a fallu protéger cette plaie car HEAVEN ne frottait ou léchais à longueur de journée. Un premier pansement a été réalisé. Malheureusement, du fait de la localisation de la plaie (et des mouvements) ce pansement ne tenait pas correctement. Et à ce moment là les propriétaires ont eu une idée formidable : lui mettre un tee shirt pour ne pas que la pouliche y touche !
Grâce à l’ingéniosité de ses propriétaires nous avons découvert une nouvelle technique de pansement pour les plaies de cette région !
Et encore une fois et comme dans l’exemple de Quina, la cicatrisation peut s’avérer impressionnante !
Encore bravo aux propriétaires, à leur soins et leur surveillance.
![]() 2 jours après sa naissance |
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![]() HEAVEN à 6j |
![]() HEAVEN à 6j après le parage |
![]() HEAVEN à 6j avec son pansement |
![]() HEAVEN à 12j au retrait du pansement |
![]() HEAVEN à 12j avec son t-shirt |
![]() HEAVEN à 26 j |
![]() 1 mois et 3 semaines |
![]() HEAVEN à 2 mois |
![]() HEAVEN à 11 mois |
![]() HEAVEN à 11 mois |
JOAN B
JOAN B – les ulcères gastriques
Soit JOAN B, fidèle compagnon de spectacle Frison entier né en 2003 qui vit au pré jour et nuit. Il est nourrit avec du foin à volonté et est complémenté en minéraux.
JOAN B a été référé à La Clinique du Cheval pour un amaigrissement chronique à la suite d’une colique le décembre 2019. En plus du déplacement de colon à gauche et de l’impaction de l’estomac des ulcères gastriques de la muqueuse non glandulaire de grade 3/4 ont été mis en évidence.
JOAN B a alors eu le traitement de référence à savoir de l’oméprazole et du sucralfate pendant 4 semaines. Il n’a malheureusement jamais été possible de faire les gastrocopies de contrôle car JOAN B a un retard de la vidange gastrique : en temps normal au bout de 12h de jeun l’estomac du cheval est vide et nous pouvons évaluer l’absence ou la présence d’ulcères gastriques.
Or même après un jeun de 24h impossible de voir son estomac vide !
Le 11 juin JOAN B est vu car il ne reprend toujours pas d'état. L’examen clinique met en évidence plusieurs anomalies :
- forte amyotrophie et amaigrissement associés à des bâillements
- présence de surdents
![]() J 1106 |
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![]() J 7 mois plus tard |
![]() aliment senior |
Les examens complémentaires mettent en évidence une infestation parasitaires de strongles (1300 opg), une discrète anémie et des paramètres hépatiques légèrement augmentés. Le bilan « piro-like » est négatif et JOAN B n’a pas la maladie de Cushing.
Au vu de la coproscopie JOAN B est vermifugé avec de la moxidectine (puissant vermifuge) et un nivellement dentaire est effectué.
Compte tenu de l’absence d’amélioration il est convenu de réadapter l’aliment de JOAN B avec un aliment spécial « chevaux en convalescence » : forte appétence pour les périodes de baisse d’appétit, teneur élevée en fibres hautement digestibles, apports en amidon et en sucres simples contrôlés et profil protéique et lipidique adapté !
A la suite de cela JOAN B reprend de l’état mais pas suffisamment et continue à bailler plis qu’avant. Devant son historique nous sommes partis sur des ulcères gastriques persistants et toujours pas résolus. Nous mettons donc en place un substituant (à base de plantes notamment) de l’oméprazole qui permet une guérison des ulcères de bas grade.
Après 2 mois le résultat est fulgurant !! Nous changeons donc l’aliment pour un aliment « sénior » riches en fibres de luzerne et de pulpe de betterave, en sons, graminées et sainfoin.
Depuis JOAN B conserve ce foin et n’a plus de médicament. Il est quasiment à son poids de forme au bout de 7 mois après notre venue ! Cet aliment aura jouer un rôle indispensable dans son équilibre de l’acidité gastrique !
Un grand merci à sa propriétaire pour sa confiance et son observance !!!
Focus sur les ulcères gastriques
Un ulcère gastrique se définit comme une destruction plus ou moins profonde de la muqueuse de l’estomac. C’est une augmentation de la quantité d’acide gastrique, dont de nombreux facteurs peuvent être à l’origine, qui va favoriser l’apparition de ces lésions.

![]() grade glandulaire |
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![]() grande squameux |
![]() ulcère glandulaire |
![]() ulcere squameux |
![]() prelavance |
![]() facteurs de risque |
L’estomac du cheval est constitué de deux parties bien distinctes :
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Partie non glandulaire ou malpighienne : de couleur rose pâle à blanc
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Partie glandulaire : de couleur rose foncé. Elle est appelée ainsi car c’est au niveau de cette partie de l’estomac que sont situées les glandes qui vont produire et sécréter en continu de l’acide chlorhydrique, nécessaire à la digestion des aliments.
La margo-plicatus, également bien visible, est la limite entre ces deux parties. Les ulcères gastriques chez le cheval se situent majoritairement au niveau de cette ligne mais ils peuvent être présents partout dans l’estomac.
Les ulcères peuvent être présents sur l’une de ces deux parties voire les deux.
La prévalence est très élevée selon le type de chevaux et leurs activités (cf. photos – crédit Audevard).
Les facteurs de risques sont multiples :
- race : les pur sang +++++
- l’environnement : en ville >> manque de contact avec les autres chevaux
- l’alimentation : paille, le foin non à volonté (< 10 kg pour un cheval de 600 kg)
- l’eau non à volonté
- amidon donné en trop grande quantité
- le grain donné avant le foin
- mis à jeun > 6 heures
- le nombre d’entrainement par semaine et les lieux d’entrainement
- certains médicaments : AINS
Les signes cliniques sont également multiples (et peuvent faire penser à bien d’autres maladies, comme la piroplasmose pour ne pas la nommer):
- tempérament stressé
- agressivité
- tic à l’air
- appétit difficile ou lent
- amaigrissement
- colique
- bruxisme ou bâillement
- diarrhée intermittente
- baisse de performance
Le seul moyen diagnostique de certitude est la gastroscopie ! elle est très utile non seulement pour être sur du diagnostique mais aussi pour adapter les médicament au mieux !
DOUGLAS
DOUGLAS - La maladie de Cushing
DOUGLAS est un hongre né en 1991 et étant à la retraite au pré jour et nuit avec abris.
DOUGLAS a été vu en mars 2017 pour une difficulté à marcher : il présentait à ce jour un surpoids généralisé, un retard de mue avec changement de la qualité de poil, un abattement ainsi qu'une fourbure chronique et abcès de pieds.
Tout cela nous indiquait que DOUGLAS présentait très probablement un dysfonctionnement métabolique et hormonal (syndrome métabolique équin peut être associé à un syndrome de Cushing). Les résultats de la prise de sang effectuée a confirmé que DOUGLAS présentait une maladie de Cushing.
Qu’est-ce le syndrome de Cushing ?
Le syndrome de Cushing est causé soit par
- une hyperplasie (augmentation du volume de la glande)
- soit un adénome (tumeur bénigne de la pars intermedia) au niveau de l’hypophyse.
C’est une maladie endocrinienne c’est-à-dire qu’elle provient d’une glande sécrétant des hormones (ACTH) dans l’organisme qui fonctionne trop. On parle de syndrome car la cause est multifactorielle.
Selon certaines études, le syndrome de Cushing affecterait jusqu’à 14% de la population des chevaux de plus de 15 ans, mais il peut toucher aussi des individus plus jeunes. Toutes les races (et les ânes) et plus particulièrement les poneys sont concernés.
Quelles sont les symptômes ?
Les premiers signes passent souvent inaperçus car peu spécifiques et discrets :
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baisse de forme et état léthargique souvent mis sur le compte du « c’est normal c’est un vieux cheval »
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amaigrissement ou obésité
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mue retardée ou anormale localement.
Puis, dans les stades avancés, les symptômes sont plus marqués dont le plus pathognomonique : l’hirsutisme (ou hypertrichose) et la fourbure (congestion inflammatoire du pied) : > 1 cas sur 2 !
On remarque aussi :
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fonte musculaire et abdomen penduleux
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dépôts de graisse localisée
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augmentation de la prise de boisson et de l’émission des urines (bien que difficiles à évaluer chez un cheval au pré)
Enfin des troubles neurologiques peuvent apparaître, comme de l’ataxie (troubles de l’équilibre), une cécité (perte de vision) ou encore de la narcolepsie (endormissement soudain).
Il existe cependant un uniquement traitement médical prouvé à ce jour : le pergolide. Ce traitement est vraiment très efficace !
DOUGLAS a donc été mis sous traitement et suivi attentivement car dans 20% des cas environ la posologie initiale du médicament ne suffit pas.
Comme vous pouvez le voir dans le tableau et le graphique, le taux d’ACTH ne diminue pas dans un premier temps. A ce stade il est indiqué d’augmenter la dose du pergolide car comme dit plus haut, dans certains cas la dose initiale ne suffit pas.
Puis au 3e contrôle quelque chose cloche ! DOUGLAS semble cliniquement aller mieux en terme de signe du syndrome de Cushing : il est plus alerte, le poils est plus joli, il semble « mieux dans sa peau » et pourtant la valeur d’ACTH sanguine est très haute et il boite davantage ! A ce stade, avant d’augmenter la dose du médicament nous avons conseillé des radiographies car la douleur (causée par de l’arthrose par exemple) peut augmenter le taux d’ACTH ! En effet DOUGLAS a une arthrose modérée de l'antérieur droit et un début sur l'antérieur gauche.
![]() DOUGLAS juin 2017 |
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![]() DOUGLAS mars 2019 |
![]() 2 - Pied AG profil DOUGLAS 131017 |
![]() 2 - Pied AG profil mesures DOUGLAS 13101 |
![]() 2 - Pied AD profil DOUGLAS 131017 |
![]() 2 - Pied AD profil mesures DOUGLAS 13101 |


Grâce aux radios, nous ne nous sommes pas fait avoir et nous avons pu gérer la douleur arthrosique grâce à une ferrure adaptée (fer à l'envers) et des compléments alimentaires (cures d'Harpagophytum procumbens et MSM/glucosamines/collagènes). Depuis DOUGLAS va vraiment mieux !!
Au passage vous remarquerez qu'entre les deux photos on voit bien la différence de perte de poids, pas forcément de la qualité de mue car elles ne sont pas prise aux mêmes périodes de l'année.